Déceler les failles des tests de résistance bancaires
EXCELLIS International – Des tests de résistance mal conçus induisent une fausse sécurité, augmentant le risque de crises financières réelles non anticipées
Introduction
Les tests de résistance bancaires, aussi appelés “stress tests”, sont des évaluations cruciales menées par des autorités de régulation pour déterminer la solidité des institutions financières face à des scénarios économiques extrêmes. Cependant, derrière cette évaluation se cachent de nombreuses limites et faiblesses. Ces failles, souvent invisibles pour le grand public, créent un dangereux sentiment de sécurité qui risque de laisser les banques vulnérables lors de crises réelles.
Les tests de résistance bancaires : un aperçu essentiel
Les tests de résistance jouent un rôle clé dans le maintien de la stabilité financière. Ils simulent des crises économiques hypothétiques pour évaluer la capacité des banques à résister à des situations difficiles. Ces scénarios incluent souvent des chocs économiques tels qu’une montée du chômage ou une forte volatilité du marché. L’objectif est d’assurer que les banques disposent de suffisamment de capital pour absorber ces chocs sans mettre en péril l’économie.
Les tests de la Réserve Fédérale américaine : une vision limitée
Aux États-Unis, la Réserve Fédérale (ou Fed) effectue des tests de résistance chaque année, mais uniquement sur les plus grandes banques dites “d’importance systémique”, celles dont les actifs dépassent 100 milliards de dollars. Si ces tests visent à garantir la stabilité du système bancaire, plusieurs experts pointent des lacunes importantes dans la manière dont ils sont élaborés et appliqués.
Les scénarios optimistes : une sous-estimation des risques
Une critique majeure des stress tests est leur tendance à utiliser des scénarios économiques relativement optimistes, laissant de côté des risques extrêmes mais plausibles. En conséquence, les résultats sous-estiment souvent les pertes potentielles, créant une fausse impression de sécurité. Cela peut conduire à une préparation insuffisante des banques face aux crises, voire à de graves conséquences pour l’ensemble de l’économie.
Le piège de la fausse sécurité
Les résultats optimistes de ces tests peuvent créer un climat de confiance trompeur pour les banques comme pour le public. Cette illusion de résilience réduit les précautions et encourage une certaine complaisance qui, en cas de crise, pourrait mettre en danger l’économie.
Exemple des crises bancaires récentes
L’effondrement de la Silicon Valley Bank (SVB) et de First Republic Bank illustre bien ces lacunes. Le professeur Tomasz Piskorski de l’Université Columbia a souligné que les tests de résistance de la Fed n’avaient pas tenu compte de risques critiques, tels que ceux liés aux taux d’intérêt, qui ont précipité la chute de la SVB. Si ces risques avaient été intégrés, il est probable que la vulnérabilité de cette banque aurait été révélée bien avant sa faillite.
Les petites banques : oubliées, mais vulnérables
Les tests de résistance de la Fed se concentrent sur les grandes banques, négligeant ainsi les banques régionales. Or, ces dernières sont souvent plus exposées à des secteurs à risque, comme l’immobilier commercial, qui pourrait poser une menace considérable pour l’économie américaine en cas de crise. Ignorer ces petites banques pourrait aggraver les vulnérabilités du système financier.
La notion d’actifs pondérés en fonction des risques
L’une des conséquences de la crise financière de 2008 a été la mise en place des normes de Bâle III, qui imposent aux banques de catégoriser leurs actifs en fonction de leur risque. Cependant, cette approche a ses propres limites. Par exemple, elle ne prend pas en compte certains risques à long terme qui peuvent se révéler particulièrement dommageables lors des crises économiques.
Les obligations d’État : un risque négligé
Les obligations d’État, considérées comme des investissements sûrs en raison de leur faible volatilité, sont pondérées avec un risque nul dans les tests de résistance. Cependant, cette classification pose problème. Dans la réalité, même les obligations d’État comportent des risques, notamment si le pays émetteur fait face à des difficultés budgétaires. En omettant ces risques, les stress tests biaisent la vision globale de la solidité financière des banques.
La mésinterprétation fondamentale du risque
Une erreur fréquente des tests de résistance est de confondre stabilité apparente et sécurité réelle. Comme l’a dit Nassim Taleb, un dindon peut profiter d’une vie paisible et stable jusqu’à ce qu’arrive Thanksgiving. En finance, il est essentiel de distinguer entre volatilité et risque réel pour éviter de fausses sécurités.
Les enseignements de l’histoire : risques et volatilité
Les marchés financiers nous enseignent que des actifs stables peuvent brusquement perdre de leur valeur en période de crise. Par exemple, le marché immobilier a connu des périodes de hausse continue, jusqu’à ce qu’une bulle éclate et entraîne une baisse brutale. Une telle chute affecte non seulement les propriétaires mais aussi les banques qui dépendent de ces prêts, ce qui montre l’importance d’évaluer correctement les risques.
Les stress tests et la volatilité : une fausse équation de sécurité
Considérer certains actifs comme sans risque parce qu’ils sont peu volatils est une erreur. Les obligations d’État américaines, par exemple, peuvent être très stables, mais cela ne les rend pas pour autant sans risque. Cette approche simpliste risque d’induire en erreur et de minimiser les dangers réels auxquels les banques sont exposées.
Scénarios probables pour l’avenir des tests de résistance par EXCELLIS International
Scénario 1 : Le statu quo persistant et ses implications
Dans un premier scénario, le statu quo persiste. La mise en place de réformes est souvent longue, et tant que les régulateurs continueront d’éviter de pointer les faiblesses structurelles, les tests de résistance demeureront limités.
Scénario 2 : Vers une réduction du risque systémique
Un second scénario, plus optimiste, envisage des réformes structurelles des stress tests, prenant en compte une diversité de risques plus large et intégrant des scénarios moins optimistes.
Un système financier fragile et dépendant
Dans un système financier où les banques dépendent largement des obligations d’État et des actifs à faible volatilité, l’illusion de sécurité renforce la fragilité. Le paradoxe réside dans la dépendance excessive aux actifs dits sans risque. Cette fragilité systémique, qui repose sur une confiance exagérée dans la stabilité des obligations d’État et dans la préservation des taux d’intérêt bas, pourrait avoir des conséquences désastreuses si une crise financière mondiale éclatait. La dépendance mondiale au dollar américain et aux bons du Trésor des États-Unis renforce cette vulnérabilité : un changement de perception sur la fiabilité de ces actifs pourrait provoquer des ondes de choc au niveau global.
Conclusion d’EXCELLIS International
Les tests de résistance bancaires sont une composante essentielle du système de régulation financière, mais leur efficacité actuelle est remise en question. Plutôt que de protéger les banques et l’économie, des scénarios trop optimistes et une pondération de risque inadéquate laissent les institutions financières mal préparées pour faire face à des crises réelles. Pour éviter de futures crises, il est impératif de repenser la conception de ces tests. En intégrant des scénarios plus réalistes, en tenant compte des actifs sous-évalués et en prenant des mesures pour réduire la dépendance systémique aux obligations d’État, les régulateurs peuvent renforcer la résilience des banques et de l’économie.
FAQ
1. Que sont les tests de résistance bancaires ?
Les tests de résistance sont des simulations menées par des régulateurs financiers pour évaluer la capacité des banques à résister à des scénarios économiques extrêmes, comme une récession ou une crise financière.
2. Pourquoi ces tests sont-ils critiqués ?
Ils sont souvent critiqués pour leur optimisme excessif et pour la sous-évaluation de certains risques, notamment ceux liés aux obligations d’État. Cela peut donner aux banques et au public un faux sentiment de sécurité.
3. Que se passerait-il si les tests de résistance intégraient des scénarios plus pessimistes ?
Intégrer des scénarios plus réalistes pourrait pousser les banques à renforcer leurs réserves de capital et leur préparation face aux crises, ce qui contribuerait à stabiliser l’économie en période de choc.
4. Quels sont les actifs pondérés en fonction du risque ?
Dans les stress tests, les actifs des banques sont évalués selon leur risque perçu. Certains actifs, comme les obligations d’État, sont souvent considérés comme sans risque, bien que cela puisse être trompeur.